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Les Paysans en Colère : une France agricole en crise et en action

Les Paysans en Colère : une France agricole en crise et en action

C’est une semaine décisive, le monde agricole français se soulève face à une menace imminente : l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur. Cet accord, s’il venait à être ratifié, provoquera en quelques années la fermeture de 100.000 fermes et aggravera une crise déjà insupportable pour les agriculteurs et éleveurs français. Dans un contexte de tensions croissantes, des convois de tracteurs en provenance de toute la France convergent aujourd’hui vers l’Île-de-France pour faire entendre une colère qui ne cesse de grandir.

Un ras-le-bol général face au libre-échange

L’accord du Mercosur, c’est la goutte d’eau en trop : en discussion depuis plusieurs années, il prévoit une augmentation massive des importations agricoles en provenance de pays sud-américains. Ces importations incluraient de la viande bovine produite dans des conditions sanitaires et environnementales qui ne respectent pas les normes européennes. Veronique Lefloch, éleveuse dans le Finistère, dénonce cette situation :

« C’est un véritable scandale : on détruit nos emplois, on ruine nos exploitations, et tout ça pour importer de la viande produite dans des conditions déplorables ! »

Les agriculteurs soulignent une hypocrisie flagrante du gouvernement. Emmanuel Macron, tout en déclarant officiellement que la France « ne signerait pas cet accord en l’état », s’apprête à rencontrer Javier Milei, président élu de l’Argentine, puis à participer au G20 au Brésil, où l’accord pourrait être finalisé. Ses récentes déclarations minimisant l’impact du Mercosur sur l’agriculture française sont perçues comme un affront :

« Les difficultés que vivent nos agriculteurs aujourd’hui n’ont rien à voir avec le Mercosur. »

Des actions spectaculaires sur le terrain

Sur le terrain, les actions se multiplient. Des agriculteurs ont bâché des radars, retiré des panneaux routiers qu’ils ont ensuite déversés devant des préfectures, et organisé des rassemblements de tracteurs dans plusieurs régions. Ces gestes symboliques visent à montrer leur désespoir et leur détermination.

Un premier convoi de dizaines de tracteurs, portant des slogans tels que « Stop Mercosur » et « Sauvons nos fermes », se dirigeait déjà dimanche soir vers l’Île-de-France. Les organisateurs promettent une mobilisation nationale sans précédent pour faire reculer le gouvernement.

Une crise aux multiples facettes

Outre l’impact direct du Mercosur, les agriculteurs dénoncent les accords de libre-échange et une pression normative insoutenable imposée par l’Union européenne.  Ils réclament :

  • La fin des traités de libre-échange : les produits étrangers se substituent aux produits de nos agriculteurs et les asphyxient en faisant baisser leur prix de vente à des niveaux insoutenables.
  • La fin de la concurrence déloyale : interdire les importations de produits ne respectant pas les normes françaises auxquels eux sont soumis !
  • Des circuits courts : mettre en place avec l’aide de l’Etat des circuits courts afin de favoriser les productions locales et de leur garantir une juste rémunération.

La question de la souveraineté nationale 

Alors que les mobilisations s’intensifient, une interrogation revient avec insistance chez les paysans : comment protéger l’agriculture française face à des politiques commerciales décidées à Bruxelles ? Finalement, toutes les solutions de sortie de crise ne sont-elles pas réalisables qu’à condition de sortir de l’Union européenne ?

C’est effectivement le cas puisque la seule façon de rompre avec les accords de libre-échange qui détruit les agriculteurs français est de quitter l’Union Européenne. L’accord avec le Mercosur est aujourd’hui soutenu par 23 pays sur 27 de l’Union Européenne dont l’Allemagne qui pousse de toutes ses forces. La position de la France ne les fera pas modifier leur position, qu’ils pensent conforme à leur intérêt national. Imaginer que ces 23 pays accepteraient pour les beaux yeux de la France de changer de point de vue sur le libre-échange et de renégocier tous les anciens accords de libre-échange est totalement illusoire. Imaginer que la Commission Européenne puisse faire marche arrière est tout aussi illusoire sachant que le libre-échange est inscrit dans son ADN et dans les traités européens.

La colère paysanne n’est pas une simple révolte. Elle traduit une volonté farouche de défendre la dignité et l’indépendance de l’agriculture française face à une mondialisation destructrice. Les prochains jours s’annoncent décisifs, et la mobilisation des paysans doit être le début d’un combat plus large pour l’avenir de notre souveraineté nationale.

Affaire à suivre.

Pierre d’Herbais.