Désertification médicale : l’urgence de réformer le système de santé français
La France, autrefois un phare mondial de l’excellence médicale, se retrouve aujourd’hui face à une crise sanitaire sans précédent : la désertification médicale. Dans des régions comme la Mayenne, il est devenu presque impossible de trouver un médecin généraliste ou un spécialiste. Ce phénomène, qui affecte aussi bien les zones rurales que certaines villes moyennes, reflète l’échec d’un système qui, au lieu d’anticiper les besoins, a été miné par des réformes inadaptées. Pire, la réponse actuelle consiste à faire appel massivement à des médecins étrangers pour compenser une pénurie de praticiens français. Une solution de court terme, qui n’aborde pas les véritables causes de cette crise et écarte les jeunes Français qui ont la vocation de devenir médecin.
La France, un leader en déclin
La France a longtemps été admirée pour son savoir-faire médical, reconnu partout dans le monde. Pourtant, au fil des décennies, une gestion défaillante des ressources humaines dans la santé a mené à une catastrophe prévisible. Le numerus clausus, instauré en 1971, a limité drastiquement le nombre d’étudiants en médecine, provoquant une pénurie durable de médecins. Résultat : des territoires comme la Mayenne et d’autres départements ruraux se retrouvent sans médecins disponibles, tandis que les praticiens en exercice sont surchargés, souvent au bord du burn-out.
Cette situation a poussé l’État à recruter massivement des médecins étrangers, principalement venus d’Afrique et d’Europe de l’Est. Bien que compétents, ces praticiens ne sont pas une solution durable. La dépendance à cette main-d’œuvre soulève une question de souveraineté sanitaire : la France, autrefois autosuffisante dans le domaine de la santé, dépend désormais de médecins formés ailleurs pour soigner ses citoyens.
Les professions paramédicales, un secteur sous-estimé
En parallèle de cette désertification médicale, les professions paramédicales souffrent également de sous-effectifs et d’un manque de reconnaissance. Les infirmières, aides-soignantes, kinésithérapeutes et autres professionnels jouent pourtant un rôle crucial dans l’accompagnement des patients. L’une des clés pour désengorger les cabinets médicaux est de renforcer leur présence et leur rôle, en particulier dans les écoles. La présence d’infirmières scolaires pourrait être une solution efficace non seulement pour traiter la « bobologie » du quotidien, mais aussi pour lutter contre des problèmes plus graves comme le harcèlement scolaire et effectuer des campagnes de prévention.
Télémédecine : une solution partielle mais efficace
La télémédecine, qui s’est développée en France depuis la crise du COVID-19, représente un autre levier pour pallier le manque de praticiens dans certaines régions. Pour les suivis bénins, comme le renouvellement d’ordonnances pour des pathologies stabilisées (hypertension, diabète, certaines affections de longue durée – ALD), ou pour des bilans simples (tensiomètre, mesures de glycémie), la télémédecine peut apporter une solution immédiate. Mais la télémédecine ne peut pas être utilisé pour les diagnostics des patients sans appauvrir la qualité de la médecine.
Des exemples internationaux, comme la Chine, montrent qu’un recours massif à ces technologies peut aider à décharger les médecins tout en garantissant une prise en charge de qualité. La France doit accélérer le développement de ces outils, tout en s’assurant que les patients bénéficient d’un suivi adapté, en présentiel lorsque nécessaire.
Réformes urgentes : suppression des ARS et réhabilitation des soins de proximité
Pour sortir de cette impasse, des réformes profondes sont indispensables. L’une des premières mesures serait de supprimer les Agences Régionales de Santé (ARS), qui se sont avérées inefficaces, coûteuses et bureaucratiques. Ces agences, censées coordonner la politique de santé au niveau régional, se sont souvent révélées être un véritable casse-tête administratif, éloignant les décisions des réalités locales. Elles sont aussi un gouffre financier (un emploi sur trois à l’hôpital public) : cet argent serait donc beaucoup mieux utilisé pour recruter suffisamment de soignants et les payer correctement.
En parallèle, il est crucial de redévelopper les soins de proximité, en incitant les jeunes médecins à s’installer dans les zones désertées par des mesures attractives, comme des primes d’installation, des exonérations fiscales, et une réduction des contraintes administratives. Il est également essentiel de redonner du pouvoir aux infirmières, notamment en milieu scolaire, pour assurer un suivi préventif des élèves, agir en cas d’urgence et alléger le travail des médecins dans les zones tendues.
Réhabilitation de la formation médicale
Un autre enjeu majeur est la formation médicale. Augmenter le nombre de places dans les facultés de médecine est un premier pas, mais il faut aller plus loin en revalorisant la profession. Les médecins en exercice se sentent déconsidérés, noyés sous la bureaucratie et mal payés, ce qui pousse de nombreux jeunes diplômés à quitter la France pour des pays où les conditions sont meilleures.
Investir dans des cursus modernes, adaptés aux défis actuels, raccourcir les études de santé et former beaucoup plus de médecins, revaloriser les salaires dans le secteur hospitalier sont des priorités pour retrouver l’excellence qui faisait jadis la fierté de notre pays.
Conclusion : Redonner à la France sa souveraineté médicale
Le constat est clair : la France est à la croisée des chemins. Si des mesures urgentes ne sont pas prises, la situation ne fera que s’aggraver. La dépendance vis-à-vis des médecins et professions paramédicales étrangers doit cesser. Notre pays, riche d’un héritage médical unique, doit retrouver sa souveraineté en matière de santé. En renforçant notre formation, en modernisant notre approche, et en redéployant des solutions de proximité, la France peut redevenir un modèle de référence dans le domaine de la santé. Il est temps d’agir, avant qu’il ne soit trop tard.
Pierre d’Herbais.
Cet article pour le Mouvement Politique Citoyen vise à donner des pistes de réflexions pour le programme santé.
Paul-Antoine Martin aide le http://MouvementPolitiqueCitoyen.fr à construire un projet de réforme de l’Etat et du haut-fonctionnariat. !
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