Le déficit public à 6% du PIB n’est que la conséquence de la guerre économique contre la Russie !
Le déficit public à 6% du PIB n’est que la conséquence de la guerre économique contre la Russie !
Les médias et les politiques n’évoquent jamais la guerre en Ukraine pour expliquer le niveau élevé du déficit public. Pourtant, lorsqu’on se penche sur la question, la guerre en Ukraine et tout particulièrement la guerre économique pour « mettre l’économie russe à genoux » tient un rôle considérable dans le déficit public énorme de la France.
Le coût direct de la guerre en Ukraine pour la France : 20 milliards d’euros.
L’Union Européenne a dépensé 64 milliards d’euros pour aider l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie[1]. La France prenant en charge environ 20% du budget européen, le coût pour l’Etat français est d’environ 13 milliards d’euros. De son côté, la France a dépensé environ 7 milliards d’euros pour des aides militaires et des aides diverses à l’Ukraine[2].
Le coût pour l’Etat français de la guerre stricto sensu s’élève donc à 20 milliards d’euros.
Le coût direct de la guerre économique contre la Russie : 98 milliards d’euros en boucliers énergétiques…
Mais comme la France et l’UE ont voulu en sus du soutien à l’Ukraine « mettre l’économie russe à genoux », nous nous sommes passés en partie du gaz russe, du pétrole russe ce qui a perturbé les approvisionnements et fait flamber les prix de l’énergie et de l’électricité en Europe et dans le monde. Pour éviter que l’économie française ne soit sur les rotules, le gouvernement français a alloué en 2022 et 2023 des aides diverses (dont le bouclier énergie) de 85 milliards d’euros selon un rapport du Sénat de juin 2023[3]. Il faut y rajouter le reliquat d’aides en 2024 chiffré dans les Echos à 13 milliards d’euros[4]. Le coût des aides à l’énergie s’élève donc à 98 milliards d’euros, conséquences des sanctions prises pour « mettre l’économie russe à genoux » !
Le coût pour l’Etat français s’élève de plusieurs degrés pour atteindre 118 milliards d’euros.
Le coût indirect de la guerre économique contre la Russie : 17 milliards d’euros.
Malgré les boucliers et aides diverses, la croissance française a été largement réduite par les prix élevés de l’énergie dont l’électricité : cela s’est payé en moindre consommation et donc en moindre activité des entreprises, en fermeture d’usines et en délocalisations. On peut estimer raisonnablement la réduction de la croissance à 0,5% par an soit 40 milliards d’euros de PIB en moins sur la période. Les prélèvements obligatoires de l’Etat sur l’économie étant d’environ 43% du PIB, c’est 17 milliards d’euros[5] de recettes fiscales qui n’ont pas été encaissés par l’Etat.
Un coût total ruineux de 135 milliards d’euros de début 2022 à fin 2024.
Nous arrivons donc à un coût global de 135 milliards d’euros sur deux ans et 10 mois : soit 54 milliards d’euros (1,7% du PIB) chaque année.
En langage clair, le déficit public a été gonflé chaque année de 1,7% du PIB. Sans cette volonté de mettre l’économie russe à genoux, le déficit public aurait été beaucoup plus raisonnable : de l’ordre de 3,1% du PIB en 2022 (et non 4,8% du PIB), de 3,8% du PIB en 2023 (et non 5,5% du PIB), de 4,3% du PIB en 2024 (et non 6% du PIB). Remarquons que la dette publique serait aujourd’hui inférieure de 135 milliards d’euros à ce qu’elle est aujourd’hui (intérêts non compris).
Le gouvernement forcé de couper sauvagement dans les dépenses et/ou d’augmenter les impôts.
Un déficit public de 6% du PIB oblige le gouvernement à couper violemment dans les dépenses publiques et/ou à augmenter les impôts. Pour revenir à un déficit public de 3% du PIB, les coupes dans les dépenses (ou les hausses d’impôts) devront dépasser les 150 milliards d’euros[6]. Vu l’état médiocre de l’économie française, il va y avoir du sang et des larmes. Et des victimes innocentes : des entreprises en liquidation judiciaire et des particuliers plongés dans la pauvreté. 150 milliards d’euros de coupes dans les dépenses publiques vont mécaniquement amputer le PIB de 150 milliards d’euros au minimum soit une récession pour la France de 5,3% du PIB étalée sur plusieurs années. Ce type de mesures austéritaires dures amènera forcément le chaos économique, de nombreuses défaillances d’entreprises (le nombre de faillites est avant ces coupes budgétaires plus élevé que pendant la crise de 2008-2009 !) qui vont inévitablement amplifier la récession prévisible. Du sang et des larmes vont donc couler. La volonté de la classe politique française de mettre l’économie russe à genoux (suivant ainsi fidèlement la volonté des Etats-Unis), va nous mettre à genoux pour de nombreuses années.
Une solution impossible : des coupes budgétaires suivies d’une dévaluation.
Quand il arrive au pouvoir en 1958, le général de Gaulle hérite d’un déficit budgétaire important de 4,7% du PIB. Il prend des mesures d’austérité budgétaire sérieuses affectant la croissance mais relance en même temps l’activité en dévaluant deux fois le Franc, ce qui permet d’alimenter la croissance par l’augmentation des exportations et la réduction des importations. La France voit certes sa croissance plonger mais son déficit public est rapidement apuré (il passe de 4,7% du PIB à 1,7% du PIB en deux ans). L’économie française entame alors une décennie de croissance élevée. Cette stratégie économique beaucoup plus intelligente est rendue aujourd’hui impossible par notre appartenance à l’euro. C’est bien pour éviter d’être bloqué par un carcan économique rigide et négatif que le mouvement politique citoyen a dans son socle de principes le retour de la souveraineté nationale et de la souveraineté monétaire qui va avec.
Deux choix pour l’Union Européenne, le véritable maître à bord.
La France a été placée sous procédure de déficit excessif par l’Union Européenne et doit ramener dans un délai de quelques années le déficit public à 3%. Soit Bruxelles impose à la France une austérité raide et plonge la France et sans doute l’Europe dans la récession, soit Bruxelles se refuse à cette politique sanglante et laisse filer les déficits publics jusqu’au crash de la dette publique française, italienne et à terme d’une grande partie de l’Europe. Les deux scénarii sont mauvais. Dans cette affaire, les gouvernants français ne sont que des marionnettes.
Deux conclusions.
Eliminer le gaspillage des deniers publics est une excellente chose, sabrer brutalement dans les dépenses publiques sans dévaluer sa monnaie est mortifère.
Nos gouvernements nous ont trahis en menant une guerre économique illusoire contre la Russie et en nous enfermant dans l’impasse de l’euro et de l’Union Européenne. Ils sont aujourd’hui pris au piège de leurs propres erreurs et nous avec. La seule solution pour nous en sortir est de nous remonter les manches pour un jour reprendre le pouvoir à l’oligarchie qui détruit notre pays.
Philippe Murer
[1]Résumé du conseil européen sur l’aide de l’UE à l’Ukraine https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/eu-response-ukraine-invasion/eu-solidarity-ukraine/#refugees
[2] Ambassade de France : bilan de l’aide apportée par la France à l’Ukraine en février 2023
https://es.ambafrance.org/Bilan-de-l-aide-apportee-par-la-France-a-l-Ukraine-fevrier-2023
[3] Rapport du Sénat : « Contrôle budgétaire sur les dispositifs de soutien aux consommateurs d’énergie : l’usine à gaz des aides énergie »
https://www.senat.fr/rap/r22-779/r22-779_mono.html#toc203
[4] Les Echos : « Le bouclier énergétique, une mesure plutôt efficace pour répondre à un choc ponctuel » https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/le-bouclier-energetique-une-mesure-plutot-efficace-pour-repondre-a-un-choc-ponctuel-2107897#:~:text=72%20milliards%20d’euros%20depuis,%2C6%20%25%20du%20PIB%20fran%C3%A7ais.
[5] Calcul simple : 43%*40 milliards d’euros=17 milliards d’euros.
[6] Quand l’Etat coupe dans ses dépenses publiques intérieures de 10 milliards d’euros par an, le PIB baisse d’au moins 10 milliards d’euros par an. Par exemple, moins de pensions de retraites, moins de dépenses de santé, moins de baisses de charges ou plus d’impôts signifient moins de consommation et donc d’activité. L’Etat perd donc 10*43% soit 4,3 milliards d’euros de recettes fiscales. Le déficit public n’est donc réduit que de 5,7 milliards d’euros. Pour réduire le déficit public de 3% du PIB soit de 85 milliards d’euros, il faut couper les dépenses publiques de 150 milliards d’euros (85/5,7*10=149) pour tenir compte de la baisse des recettes fiscales dues à la récession causée par les coupes budgétaires.
Paul-Antoine Martin aide le http://MouvementPolitiqueCitoyen.fr à construire un projet de réforme de l’Etat et du haut-fonctionnariat. !
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