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Explosion des maladies mentales :  la société du mensonge et du mal-être en est responsable par Marie-Dominique Guerlinguer, adhérente du MPC.

Dans un article précédent, je soulevais le thème très préoccupant de la détérioration de l’état mental de la population française.

Cependant, ce sujet vaste n’a pas permis d’évoquer tous les problèmes qui y sont liés. La fracture sociale, par exemple, est souvent mentionnée dans les médias comme une fatalité difficile à surmonter. Mais cette fracture existe bel et bien, tant géographiquement que socialement. La distinction entre les villes riches et les régions délaissées, comme les zones minières du Nord ou la sidérurgie lorraine, est flagrante.

La dissociation entre les grandes villes et la France périphérique est une réalité. De nombreuses personnes, vivant dans des zones rurales ou en banlieue, sont confinées à des conditions de vie difficiles. Le coût des logements, les zones à faible émission (ZFE) qui interdisent l’accès aux centres-villes aux véhicules âgés, ou encore l’absence de transports publics fiables rendent cette situation encore plus précaire.

La frustration grandit à mesure que les services publics diminuent et que la culture reste inaccessible pour beaucoup, ce qui génère colère et dégoût. Cette situation ne fait qu’aggraver le sentiment d’abandon et la défiance vis-à-vis de la classe politique. La division est de plus en plus palpable, avec une élite se désolidarisant des problèmes du « peuple ». Ce constat, aussi désagréable soit-il, semble être une réalité incontournable.

Prenons l’exemple des jeunes. Comment, dans un tel contexte, pourrait-on s’étonner que beaucoup choisissent de se désengager d’une société qui semble sans avenir ? Le modèle qui encourage à faire des études, à réussir dans la vie professionnelle, n’offre plus aucune garantie de succès. Au contraire, les diplômés se retrouvent souvent dans des situations précaires, avec des salaires insuffisants et un marché du travail impitoyable.

La promesse de la méritocratie s’avère être un mirage pour de nombreux jeunes, et ce désenchantement a des conséquences graves : la montée du communautarisme, la délinquance, et la recherche d’échappatoires par des comportements à risque ou par la consommation de drogues. Le suicide, malheureusement, devient l’issue ultime pour ceux qui n’en peuvent plus.

Et ce n’est pas seulement la jeunesse qui souffre. De nombreuses personnes âgées, des enseignants, des agriculteurs, mais aussi des policiers et des gendarmes, se suicident à cause de la pression, des frustrations accumulées, et du sentiment d’être abandonnés par leur hiérarchie. Tout cela dépasse les traitements médicaux traditionnels.

Nous vivons dans une société marquée par le mensonge, la domination de classe, le mépris et l’abandon. C’est un climat délétère qui, bien que répandu dans le monde occidental, semble avoir pris des proportions dramatiques en France et dans d’autres pays européens.

Aux États-Unis, par exemple, la classe moyenne est désormais en mode survie, confrontée à la hausse des coûts de logement, des soins de santé et des études universitaires. Le modèle américain montre des signes évidents d’effondrement.

En conclusion, l’explosion des maladies métaboliques comme l’obésité et le diabète, notamment aux États-Unis, nous montre que ce malaise est aussi physique. Un chiffre alarmant : 50 % des jeunes ne réussissent même pas les tests physiques pour intégrer les forces armées, en raison de la mauvaise santé liée à une alimentation déséquilibrée et à un manque d’activité physique. Et la France, malheureusement, n’est pas épargnée.

Le mental est la clé : si le moral des individus se dégrade, leur santé physique suit le même chemin. Ce désespoir, pourtant étouffé par la société, continue de se propager silencieusement, telle une tâche d’huile.

 

Marie-Dominique Guerlinger.