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La faillite de l’autorité : un symptôme alarmant de notre époque

Un récent mail émanant d’une école maternelle et élémentaire illustre de manière criante le naufrage de l’autorité dans notre société. Ce message, adressé aux parents, informe d’une « régression de la politesse » chez les enfants et annonce des mesures pour y remédier.

Un constat accablant : l’impuissance des adultes face aux enfants

Le mail commence par un constat sans appel :

« Nous souhaitons porter à votre connaissance que l’équipe du périscolaire rencontre actuellement une régression de la politesse chez les enfants avec parfois des attitudes insolentes envers le personnel. »

Les enfants seraient donc devenus plus impolis, plus insolents. Mais qui est responsable de cette situation ? La politesse n’est pas innée : elle s’apprend. Lorsqu’une régression de la politesse est observée à grande échelle, cela signifie que l’autorité des adultes est non seulement remise en cause, mais surtout qu’elle n’est plus incarnée. Ce n’est pas tant l’enfant qui est en tort, que l’adulte qui n’a plus les moyens, ou la volonté, de s’imposer.

Des mesures ridicules qui démontrent une perte de repères

L’école prévoit donc d’instaurer un système de « cartons jaunes » et de « croix » pour sanctionner les enfants impolis :

« Chaque semaine, un tableau avec le nom des enfants sera affiché au sein de la cantine. Si un enfant n’est pas poli, il obtiendra une croix. Au bout de deux croix, les parents seront automatiquement appelés. A partir de la 3ème croix, un carton jaune sera attribué. »

Où est la sanction réelle ? Un « carton jaune », comme s’il s’agissait d’un match de football, est censé rappeler à l’enfant que son comportement est inacceptable. Mais sans conséquence réelle, ce dispositif n’aura aucun effet dissuasif. Pire encore, il banalise l’irrespect en le rendant ludique.

Une faillite qui se reflète jusque dans la communication officielle

L’un des détails les plus révélateurs de ce mail est sans doute son ton et sa forme.

Tout d’abord, la secrétaire de mairie conclut son message par : « Merci pour votre prise en compte et compréhension. »

Le minimum syndical aurait été d’écrire : « Merci pour votre attention et votre compréhension. »

Pire encore, elle utilise un langage relâché, avec l’abréviation « stp » pour « s’il te plaît » dans un mail officiel. C’est un symbole flagrant de la perte de repères hiérarchiques. Si une figure d’autorité administrative emploie un langage digne d’un message informel sur un tchat, comment peut-elle exiger des enfants qu’ils emploient un langage soutenu ? De plus, l’utilisation de « stp » au lieu de « s’il te plaît » dans un mail officiel illustre une tendance préoccupante : le tutoiement généralisé qui abolit la distance entre l’enfant et l’adulte. En se mettant au même niveau, l’autorité se dilue, privant les enfants des repères essentiels pour comprendre et respecter la hiérarchie éducative.

Un symptôme plus large : l’effondrement de l’autorité

Ce mail ne fait que révéler une tendance de fond de notre société : la disparition de l’autorité adulte.

  • Les enseignants et accompagnants sont débordés car ils ne disposent plus de moyens de sanctionner efficacement les comportements irrespectueux.
  • Les enfants ne respectent plus les adultes car ils savent que ceux-ci ne peuvent rien leur imposer.
  • Les institutions elles-mêmes n’affirment plus leur propre autorité, comme en témoigne la communication maladroite et relâchée de ce mail.

Si l’on ne met pas un terme à cette tendance, on continuera à voir des adultes démissionnaires face à des enfants livrés à eux-mêmes, incapables de se conformer aux règles de la vie en société.

Conclusion : restaurer l’autorité et la responsabilité parentale

Ce cas illustre l’urgence d’une prise de conscience collective : l’autorité ne se mendie pas, elle s’impose. Pour restaurer le respect, il faut que :

  1. Les parents soient responsabilisés et ne considèrent pas l’école comme une simple garderie.
  2. Les sanctions soient réelles et immédiates, pas des avertissements creux.
  3. Les adultes incarnent de nouveau l’exemple : comment demander aux enfants d’employer un langage correct si les institutions elles-mêmes se permettent des familiarités ?

Il est temps de rétablir une véritable culture du respect, non par des « cartons jaunes » grotesques, mais par une autorité affirmée et assumée. C’est le seul moyen de former des citoyens capables de vivre en société dans le respect des uns et des autres.

Pierre d’Herbais.

Responsable des fédérations du MPC