Sur la loi bientôt votée sur l’euthanasie par Frédéric Pastureau adhérent du MPC
Les parlementaires qui sont, rappelons-le nos représentants payés par nos impôts, ont cru bon de se pencher à nouveau sur le cadre légal de la fin de vie, ce qui ne manque pas de surprendre dans un pays qui se glorifie de l’abrogation de la peine de mort avec la « panthéonisation » prochaine de son plus ardent défenseur !
A croire qu’il n’y aurait pas de problèmes plus urgents à régler !
Il s’agit d’un problème de santé (de civilisation ?) éminemment complexe qui est souvent enrobé par un verbiage destiné à apporter de la confusion : fin de vie active, passive, sédation prolongée, auto-administrassions létale … en essayant d’éviter d’utiliser le mot euthanasie, qui lui a vrai sens, celui de donner la mort. Il s’agit donc d’un meurtre, peu en importe les modalités, fusse à la demande d’un patient et ce seul fait est en contradiction avec l’exercice de la médecine.
Une fois le problème clairement posé, dans une société dite évoluée, avant d’entamer un tel débat il faudrait répondre à deux questions : les services publics financent-ils les services de soins palliatifs à hauteur des besoins et les mesures visant à lutter contre l’isolement social en particulier des vieillards sont-elles efficaces ? La réponse est bien évidemment non, certains territoires sont d’ailleurs dépourvus de tels services. Les besoins sont immenses : locaux, médecins, paramédicaux en nombre, psychologues… Et chacun peut constater le délabrement de l’hôpital public, méthodiquement organisé au fil des gouvernements successifs. En effet tout cela a un coût mais comment discourir sur la fin de vie sans avoir la certitude que ces investissements aient été réalisés ? Qui peut, en toute conscience, être certain que derrière ces palabres il n’y a pas une problématique économique sous-jacente ?
Par expérience, un patient atteint d’un mal incurable mais soulagé de sa douleur et bien entouré est bien moins demandeur de solutions extrêmes : « Quand la vie n’a plus de jour il faut savoir donner de la vie aux derniers jours »
Mais que faire alors en cas de détresse extrême ? Quelle est la place du législateur ou du politique dans ce débat ? En ont-ils d’ailleurs une ? Quel texte pourra résumer l’état de détresse physique et/ou psychologique extrêmes, suivant quels critères sachant que ces critères une fois admis pourront évidemment évoluer au gré des événements, de la morale du moment ou de la situation économique du pays !
Qui peut nier le risque de dérive ? Nos sociétés modernes se veulent rationnelles et à grand renfort de chiffres, ratios, et, de façon souvent binaire au mieux algorithmique, cherchent à résoudre les problèmes … mais sur ce sujet (le seul ?) elles font fausse route !
Deux exemples récents. Pendant la crise Covid les politiques ont été capables de mobiliser des « soignants » volontaires pour distribuer généreusement du Rivotril dans les EHPADS à des vieillards privés de soins ! Application concrète de l’expérience de Milgram : si l’autorité dit qu’on peut faire on fait ! Autre exemple : la loi de bioéthique 2020 envisageait le recours à l’IVG jusqu’au terme de la grossesse au motif de détresse psychologique !
Qui détermine ces critères de détresse ? Selon quels barèmes ? Qui au final peut décider qu’une vie doit s’arrêter ?
Qui peut nier le risque de dérive ? C’est une porte ouverte vers une possible élimination des plus faibles, une dérive eugéniste à bas bruit.
Restent les cas – pas si fréquents – des patients incurables insuffisamment soulagés par une prise en charge optimale. Dans ces circonstances, ce que les Anciens appelaient « le colloque singulier patient-médecin » prend tout son sens et c’est l’une des raisons pour laquelle le métier de médecin n’est pas et ne devra pas être un métier comparable aux autres : le pouvoir politique en est conscient et, depuis des années, cherche à rogner ses prérogatives et ses devoirs. Il s’agit bien d’un devoir et depuis bien longtemps des médecins ont su faire le nécessaire pour abréger définitivement les souffrances.
Il est donc impératif que les médecins ne se contentent pas d’être des techniciens de santé performants : ils doivent réinvestir le versant humaniste de leur exercice et refuser fermement que leurs modalités d’exercice soient encadrées par un pouvoir politique quel qu’il soit.
La mort est trop souvent cachée, évincée de notre environnement ou considérée comme un échec alors qu’elle est inhérente à la vie. Elle est un des rares points communs entre un « gueux » et un multimilliardaire, même si ce dernier rêve d’éternité avec le trans humanisme.
Par conséquent la loi Leonetti se suffit à elle-même et rien – disons de transparent … – ne justifie qu’elle soit modifiée.
En revanche les pouvoirs publics ont l’absolue obligation de développer les services de soins palliatifs garantissant à la population la possibilité d’une prise en charge optimale de la douleur et du confort psychologique des patients en fin de vie. Il en va de même pour les moyens accordés aux EHPADS. Pour les situations d’exception la sagesse commande de laisser les Médecins assumer leur rôle et leur devoir : les politiques doivent être exclus de ces problématiques.
Le niveau de développement d’une société se juge à la façon dont elle s’occupe des plus faibles. Dont acte !
Ecrit par Frédéric Pastureau
Membre de la commission santé du Mouvement Politique Citoyen
PS : Pour les parlementaires en mal d’inspiration et d’action voici quelques sujets à prendre en compte pour éviter maladies chroniques et cancers :
Vous souhaitez participer à une commission ?
• Signalez s’il vous plaît le domaine dans lequel vous avez des compétences dans l’en-tête de l’email.
• Envoyez une note de 3 pages maximum constats/propositions, expliquant les problèmes des politiques suivies (ou les bonnes choses) dans ce domaine et ce que vous proposeriez en tant que ministre pour redresser le pays dans ce domaine. La partie proposition, la plus importante, doit être plus grande que celle des constats. Joignez s’il vous plaît à cet email votre numéro de téléphone.
• Quoi qu’il arrive, nous vous répondrons. Dans certains cas, votre texte pourra être édité sous forme d’article sur le site avec votre nom ou l’alias choisi sauf mention contraire. Vous pourrez être sélectionné pour travailler/composer/écrire en équipe, dans la commission, le programme dans votre domaine ».