Trente ans de plus de déficit public pour avoir un peu de croissance.
Le déficit public et la dette publique augmentent tendanciellement depuis 30 ans. Nous sommes passés de 2.4% de déficit public sur PIB en 1990 à 5.5% en 2023. Nous sommes passés d’une dette publique de 35% du PIB à une dette publique de 111% du PIB. La côte d’alerte est atteinte.
A long terme, plus un Etat a de déficit public plus il lui est difficile de croître. Mais à court terme, lorsqu’un Etat décide de faire plus de déficit public, cela permet d’avoir à court terme plus de croissance dans le pays : en effet, les dépenses publiques sont des aides sociales aux plus pauvres, des baisses d’impôt, des hausses de commandes publiques, des milliards d’euros qui sont dépensés par les ménages ou les entreprises ou qui se retrouvent dans un surplus d’activité privée. Cette recette a été utilisée depuis plus de 30 ans par l’Etat français, ce qui a permis de générer de la croissance dans une période de destruction de notre appareil industriel. Une croissance moyenne de plus en plus faible : elle était autour de 3% en 1990, elle est en moyenne de 1,05 % sur les 10 dernières années. Et bien entendu, puisque les dépenses publiques en hausse s’accompagnent d’un appareil industriel en voie de déliquescence, le déficit commercial français s’envole.
Quel est le choix aujourd’hui pour n’importe quel gouvernement français ?
Oublions un instant la procédure de déficit excessif contre la France déclenchée par la Commission Européenne.
Le gouvernement peut décider de continuer sur la même voie : creuser le déficit public pour maintenir un semblant de croissance. Mais rapidement, le déficit public sur PIB atteindra les 6 ou 7% dans une période normale, hors récession, niveau à partir duquel les marchés financiers commenceront à refuser de financer le déficit, ou plutôt le feront avec des taux d’intérêt plus élevés, faisant spiraler à la hausse le déficit et la dette publique. Ceci n’est pas viable.
Le gouvernement peut tenter de résorber le déficit public en baissant fortement les dépenses ou en augmentant les impôts. Mais la France se trouvant d’ores et déjà proche de la récession, cette purge fera basculer la France dans une franche récession. Il est probable qu’il y aura un effet multiplicateur supérieur à 1 des dépenses publiques : si le multiplicateur est à 1.5, cela signifie que 10 milliards d’euros de purge dans les dépenses publiques amèneront 15 milliards d’euros de baisse du PIB. Le taux de prélèvement obligatoire étant d’environ 50%, il y aura 7.5 milliards d’euros (15*0.5) de baisse de recettes fiscales. La baisse de 10 milliards d’euros de dépenses publiques ne fournira qu’une baisse de 2.5 milliards d’euros de déficit public. Avec cette méthode, il faudra des coupes drastiques pour faire baisser sensiblement le déficit public de 154 milliards d’euros de la France ! Qui s’accompagnera de baisses drastiques de la richesse nationale, le PIB. C’est le chemin qu’a suivi la Grèce entre 2010 et 2013 avec une baisse du PIB de 25%. C’est ce chemin, en probablement moins brutal, que la Commission Européenne va nous imposer avec sa procédure de déficit excessif.
La France est donc dans une impasse économique absolue. Son économie risque la spirale de la mort.
N’y a-t-il pour autant aucune solution ?
Il y en a une mais elle requiert de changer en profondeur notre modèle économique.
Il s’agit de redévelopper l’appareil industriel français, asphyxié par la politique de libre-échange de l’UE, par l’ouverture à des pays de l’Est comme la Pologne qui ont aspiré une partie de notre industrie, une industrie asphyxiée qui plus est par la financiarisation, l’absence de commande publique réservée, de plan et d’Etat stratège. Il faut faire l’inverse des politiques absurdes mises en place depuis 30 ans : faire du protectionnisme, de la commande publique réservée, planifier le développement industriel, afficher le fabriqué en France partout. Et bien sûr, mettre au pas la finance si cela est nécessaire pour faire briller l’industrie.
Vu le niveau de destruction de notre industrie, cela se fera progressivement et réclamera du temps. Mais c’est la seule chose à faire pour faire échapper l’économie française à une spirale de la mort. C’est d’ailleurs le choix qu’ont fait les gouvernements français d’après-guerre ; la France était lestée d’une dette publique de 190% du PIB, ses usines étaient détruites ou avaient été transférées en Allemagne, elle a relancé son appareil industriel, sa croissance, et quasiment annulé sa dette publique en 28 ans (7% du PIB en 1973). Ce choix est donc réaliste.
Bien entendu, ceux qui nous ont emmené dans le mur par idéologie, la caste au pouvoir, ne fera jamais amende honorable, ne changera pas de direction, continuera dans sa logique suicidaire. C’est donc aux Français moyens d’avoir le courage qui manque à la caste au pouvoir et de dégager les incapables qui nous gouvernent. Comme disait une certaine dirigeante britannique, « il n’y a pas d’alternative » !
Par Anatole du Champ, Français moyen et observateur désabusé de la comédie quotidienne
Vous souhaitez participer à une commission ?
• Signalez s’il vous plaît le domaine dans lequel vous avez des compétences dans l’en-tête de l’email.
• Envoyez une note de 3 pages maximum constats/propositions, expliquant les problèmes des politiques suivies (ou les bonnes choses) dans ce domaine et ce que vous proposeriez en tant que ministre pour redresser le pays dans ce domaine. La partie proposition, la plus importante, doit être plus grande que celle des constats. Joignez s’il vous plaît à cet email votre numéro de téléphone.
• Quoi qu’il arrive, nous vous répondrons. Dans certains cas, votre texte pourra être édité sous forme d’article sur le site avec votre nom ou l’alias choisi sauf mention contraire. Vous pourrez être sélectionné pour travailler/composer/écrire en équipe, dans la commission, le programme dans votre domaine ».