La classe politique va-t-elle se comporter rationnellement ou devenir la serpillière d’un tyran ?
Macron, l’urgence absolue d’une élection puis la procrastination.
Macron a mis 15 minutes pour dissoudre l’Assemblée Nationale après le résultat des élections européennes. Les élections législatives ont été organisées dans la panique, en 3 semaines, ce qui a posé des problèmes à nombre de partis politiques, certains n’ayant même pas pu se présenter. Depuis la fin des élections législatives, 52 jours, aucun premier ministre n’a été nommé ! De qui se moque Macron pour passer ainsi de l’urgence absolue à la procrastination manifeste ? Comme nous vivons aujourd’hui dans un pays où les médias sont au service exclusif de la propagande du gouvernement, ceux-ci font semblant de trouver cela normal et légitime ce coup de force. Macron a perdu deux élections de suite, mais son clan conserve le pouvoir et entend visiblement le conserver.
Une France ingouvernable suite à la dissolution.
Après le premier tour des élections législatives, le RN devait grâce au scrutin majoritaire à deux tours remporter une majorité relative voire absolue et gouverner. Le vœu des Français était « d’essayer le parti » qu’on n’avait jamais essayé au pouvoir. Toute la classe politique hors RN s’est alors liguée, désistée mutuellement pour empêcher cette majorité et surtout obtenir le maximum de députés : on a ainsi vu les électeurs de LFI incités à voter pour le macroniste Darmanin, la candidature LFI ayant été retirée, et des électeurs macronistes appelés par leurs représentants à voter pour le PC ou LFI !
Le résultat est un parlement fracturé en 3 blocs irréconciliables avec environ 140 députés RN, 160 députés macronistes et 190 députés NFP. Aucun bloc ne peut s’allier à un autre pour gouverner puisque leur vision politique est antinomique.
L’erreur Lucie Castets.
La seule solution restante était une alliance de Macron (160 députés) avec le PS (70 députés) et les LR (50 députés) : 280 députés environ pour une majorité absolue de 289 députés. Soit par une alliance directe via une coalition gouvernementale soit via une alliance plus ou moins masquée de non censure du gouvernement. Vu que cette alliance approche la majorité, la motion de censure serait alors quasiment impossible. Ce gouvernement légèrement minoritaire pourrait gouverner sans problème.
Macron dans son orgueil a refusé de laisser le NFP former un gouvernement avec Lucie Castets premier ministre, ce qui revenait, qu’on aime ou pas cette gauche, suivre la logique des Institutions. Cette solution était d’autant plus logique pour lui que ce gouvernement aurait alors été rapidement censuré par le RN, LR et les macronistes. Evidemment, les potentiels partenaires de Macron, les députés PS, maltraités et même humiliés, ne peuvent plus aujourd’hui trahir en bloc le NFP qui les a fait élire pour rejoindre le camp macroniste. Des législatives surviendront avec 3 ans et il faut penser à son avenir. Dès lors, Macron a loupé sa dernière chance de former un gouvernement, à moins d’une lâcheté irrationnelle du camp de gauche ou de droite qui viendrait sans raison s’humilier et gâcher leur avenir politique pour complaire à un Macron très impopulaire. Peu probable.
Le blocage institutionnel
Par sa dissolution et sa pseudo ruse de « front républicain au deuxième tour », Macron a rendu le pays ingouvernable. Il peut bien tenter de nommer Bernard Cazeneuve ou Xavier Bertrand à Matignon, une motion de censure avec le RN et le NFP (330 députés au total) devrait atteindre la majorité de 289 députés et donc le renverser facilement. D’autant plus, que la France ayant été jetée par la mauvaise politique budgétaire de Macron dans une procédure de l’UE pour déficit excessif, le gouvernement devra couper 20 milliards d’euros dans le budget 2025 ce qui nécessite de prendre des mesures très douloureuses et impopulaires. Qui voudrait alors être son complice ? Connaissant son délire psychopathique, il ne reste donc plus à Macron qu’une seule solution : l’article 16 pour obtenir les pleins pouvoirs en invoquant que « le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu » et « les engagements internationaux » de la France (procédure de déficit excessif de l’UE).
Voici l’article 16 pour que vous puissiez en juger par vous-même :
« Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacés d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Premier ministre, des Présidents des Assemblées ainsi que du Conseil constitutionnel »
Les conditions ne sont pas réellement réunies puisque c’est le fait du prince qui a généré ce blocage institutionnel et que nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. Qui plus est, après la décision sur un budget, le caractère d’urgence disparaîtra. Certains diront que Macron provoquera des émeutes pour justifier l’article 16. N’imaginons pas LFI plus bête qu’elle n’est en déclenchant des émeutes pour justifier l’utilisation abusive de l’article 16 et donner ainsi les pleins pouvoirs à Macron ! Si personne ne peut empêcher Macron d’utiliser l’article 16 pendant 30 jours, le Conseil Constitutionnel sera saisi de la légitimité de la décision de l’utilisation de l’article 16 par 60 députés ou sénateurs, ceux du RN et de LFI au minimum. Il tranchera certainement contre Macron à ce moment ou un peu plus tard. Si le Conseil Constitutionnel a suivi Macron dans beaucoup de décisions manifestement contraires à la Constitution, il est peu probable qu’il le fasse dès lors que celui-ci utilise des solutions aussi dangereuses et impopulaires, sachant qu’il n’a plus réellement le pouvoir en ayant perdu le contrôle de l’Assemblée Nationale. Une procédure de destitution pourrait/devrait même être déclenchée et aboutir grâce au Sénat et à l’Assemblée Nationale, la caste n’ayant aucun intérêt à suivre un politicien dangereux. Elle a d’autres flèches à son arc en déclenchant une nouvelle élection présidentielle et en tentant de la gagner.
Nous sommes donc face à un président en perdition, qui s’est pris les pieds dans le tapis et qui pourrait/devrait soit être poussé à démissionner du fait du blocage institutionnel qu’il a généré soit être destitué pour avoir pris inutilement les pleins pouvoirs. Nous verrons si la classe politique décide de se comporter à peu près rationnellement ou si elle a décidé d’être la serpillière d’un tyran dangereux.