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« Il nous faut constituer ensemble un grand mouvement pour agréger tout ceux qui veulent redresser notre pays »

FP : Qu’est-ce qui vous a poussé à participer à la fondation de ce Mouvement politique citoyen ? Quel a été le déclic ?

 

FP :  N’avez-vous pas peur de contribuer à fracturer le camp souverainiste, déjà bien rempli de partis, mouvements, médias, ou cercles de réflexion ?

 

PM : 

Je me suis placé volontairement hors de tout parti souverainiste depuis 2019 pour travailler à l’union du camp souverainiste. Cela a été difficile de renoncer ainsi à la politique concrète mais c’était une nécessité. Sans union, les partis souverainistes ne pouvaient afficher que de maigres scores dans les sondages, être encore moins invités par conséquent dans les médias traditionnel, et réaliser de petits scores électoraux, c’est-à-dire sombrer dans le morcellement et l’insignifiance. Les chefs de ces partis disent : la France est en train de sombrer, il faut tout faire pour la sauver ; ils n’ont pas voulu unir toutes les forces dans un parti alors qu’ils ont les  mêmes idées politiques, ils sont gaullistes et souverainistes. La seule réalisation concrète est une alliance électorale pour la présidentielle et les législatives de 2022 entre Philippot et Dupont Aignan, dont j’ai été l’instigateur et la cheville ouvrière. Mais après avoir tiré parti de l’union aux élections (subventions publiques de 500.000 euros par an notamment), chacun s’est envolé dans sa boutique unipersonnelle pour deux ans de divisions supplémentaires… Pour demander à nouveau une alliance temporaire en 2024, pour sauver les meubles le temps d’une élection, et non pour réaliser une union sincère et véritable de toutes les forces, seule solution permettant de redresser la barre et d’attirer une partie conséquente des 36% d’électeurs souverainistes. Tout ceci est insupportable.

On peut constater que la France compte moins pour eux que leur boutique unipersonnelle. Ceci est impardonnable, ils se sont ainsi discrédités. Ils sont responsables des scores de 2% des souverainistes aux élections quand 36% des Français sont souverainistes ! Ce sont les hommes du passif souverainiste et du passé. Il faut faire exactement l’inverse et construire ensemble un grand mouvement collectif, seule chance de rassembler tous les hommes et toutes les bonnes volontés pour rendre à nouveau la France libre, souveraine et fière d’elle-même. Dans notre mouvement politique, toutes les décisions essentielles sont prises collégialement par trois personnes, il n’y a pas d’agenda personnel et chacun contribue au collectif avant de penser à son intérêt personnel. Nous ne critiquons bien entendu ni les militants des partis souverainistes, pris dans des dilemmes moraux difficiles ni les personnalités présentes sur les listes européennes qui sont souvent des personnalités très appréciables, nous rejetons les chefs, responsables de la division et de l’échec.

Voici le constat implacable qui nous a amené à la création du mouvement politique citoyen.

 

FP : Les appels à l’union des souverainistes sont presque aussi anciens que les souverainistes eux-mêmes… Jusqu’à présent, sans succès pérenne. Cela peut-il selon vous changer ?

 

PM :

Quand le FN défendait la sortie de l’Union Européenne et était souverainiste, le gros des troupes était concentré là-bas. L’existence de l’UPR ou de DLF était plutôt un atout et un appoint potentiel pour un deuxième tour électoral.

Tout change quand le FN abandonne en septembre 2017 le référendum de sortie de l’Union Européenne en cas de prise du pouvoir. Les partis souverainistes sont alors trois : celui de Florian Philippot, celui de François Asselineau et celui de Nicolas Dupont-Aignan qui hésite pour des raisons tactiques entre souverainisme et union des droites. Puisqu’ils sont divisés, aucun de ces partis n’a de passages dans les médias suffisants pour être un parti susceptible d’attirer assez d’électeurs pour compter. Puisqu’ils sont divisés, les électeurs ont tendance à se détourner de chefs souverainistes qui semblent plus penser à leur intérêt personnel qu’à la cause. Voilà comment ces trois partis souverainistes vont passer collectivement de 10% de vote potentiel (sondage pour les élections européennes de janvier 2019) à 2% de résultat aux élections européennes. A 10%, même à 5%, un parti a des passages médias nombreux obligatoires et peut sans problème enclencher une spirale positive, à 1% un parti est invisibilisé et boudé par les électeurs. C’est la spirale du morcellement et de l’insignifiance dont je parlais. Les électeurs souverainistes sont aujourd’hui désespérés de leurs chefs et de la situation.

La seule chance pour enfin rencontrer le succès est de lancer un grand mouvement collectif rassemblant toutes les personnalités qui comptent. C’est le pari du mouvement politique citoyen.

 

Front Populaire : Vous avez annoncé la fondation, aux côtés d’intellectuels souverainistes comme Olivier Piacentini ou Laurent Henninger, d’un “Mouvement politique citoyen”. De quoi s’agit-il précisément ?

 

Philippe Murer :

 

Ce qu’attendent les 36% de Français souverainistes, c’est que toutes les personnalités qui défendent une France libre se réunissent dans un même parti pour enfin constituer une force collective de libération du pays. Nous avons donc créé ce mouvement, à la direction collective, qui se pose comme le réceptacle de toutes les bonnes volontés, où toutes les personnalités seront respectées dans leurs compétences et leurs apports à la cause. C’est cette fibre collective qui a manqué à tous les partis souverainistes causant ainsi leurs échecs. Nous faisons le pari que nous pourrons ainsi constituer progressivement une boule de neige qui grossira de plus en plus vite. Le ralliement des personnalités souverainistes à notre cause sera la preuve que cette stratégie d’union est la bonne et que l’espoir est bien là.

Face au blabla politicien sans consistance, nous allons écrire ensemble un programme pour sortir la France de ses crises multiples : comment concrètement rétablir la sécurité dans notre pays, comment redresser l’éducation nationale, comment retrouver la prospérité économique dans notre pays, comment concrètement arrêter les flux d’immigration… Nous faisons le pari de l’intelligence des Français, de leur volonté de trouver les moyens de sortir la France de son effondrement. Pour populariser notre mouvement, un petit livre « Le programme des citoyens français pour sauver le pays » sera diffusé partout. Ce sera notre bible et notre base pour agréger de plus en plus de personnes. Une France qui se noie a un besoin urgent de disposer d’un repère stable. Au cours de ce processus, nous nous transformerons en parti politique avec des leaders pour nous mener à la victoire.

La situation du pays va être si chahutée à l’avenir, les politiques tellement discrédités après l’échec du RN au pouvoir que tout pourra changer rapidement. Il s’agit d’être prêt. La population française est face à un stress vital, confrontée à une menace d’effondrement, « sous la menace d’un enjeu de vie ou de mort » comme le dit Laurent Ozon. C’est dans ces conditions qu’émergent les solutions et la volonté de coopération maximale.

 

FP : Certaines figures du souverainisme, comme Charles-Henri Gallois, qui se présente avec l’étiquette RN aux législatives, ont pu nous dire eux aussi que la désunion avait condamné le camp souverainiste au dernier scrutin. Pensez-vous que le souverainisme politique a une chance d’exister à l’intérieur des grands partis ?

 

PM :

Charles-Henri Gallois avait créé avec les déçus de l’UPR le mouvement génération Frexit. Il fait le pari de l’entrisme au RN des défenseurs de la souveraineté nationale et s’est lancé au côté du RN dans la bataille des législatives. Le RN a une grande chance d’arriver au pouvoir puisque le raisonnement de beaucoup de Français est le suivant : tous les autres grands partis ont échoué, il faut laisser sa chance au RN de redresser le pays.

Le RN va-t-il une fois au pouvoir engager une bataille pour retrouver la souveraineté nationale et sortir de l’UE afin d’être en capacité de résoudre les problèmes de la France ? Le RN a abandonné la sortie de l’UE depuis septembre 2017, il a promis encore récemment qu’il ne ferait pas de Frexit, qu’il ne sortirait pas de l’UE. Il a gagné beaucoup de sièges d’élus, la « respectabilité » par des compromis sans fin, allant même jusqu’à la compromission sur la guerre en Ukraine. Il est assez clair qu’il continuera sur la même voie et qu’il ne fera pas de bras de fer avec l’Union Européenne, qu’il ne proposera pas de référendum sur l’UE. La proposition par le RN de nommer un ministre de l’économie « neutre », une personnalité connue, gage de respectabilité va en ce sens. Le RN inscrira l’avenir de la France dans l’Union Européenne. Dès lors, un destin à la Tsipras ou à la Meloni est promis à Marine Le Pen et Jordan Bardella. Il est malheureusement très probable qu’ils trahiront tous leurs électeurs et ne changeront pas grand-chose, laissant la France s’effondrer progressivement. Nous ne pouvons pas accepter l’effondrement de la France, il nous faut constituer ensemble un grand mouvement pour agréger tout ceux qui veulent redresser notre pays.